Travail de rue avec
les personnes sans-abri
Appelez-nous
Graphiques

[INFOGRAPHIE] Les habitants de la rue en 2021

Quelques statistiques à propos des personnes sans-abri accompagnées par DIOGENES en 2021

Qui sont les 1.187 habitants de la rue accompagnés par DIOGENES en 2021 ? Des hommes, des femmes ? Quel âge ont les personnes sans-abri ? À quelles problématiques sont-elles confrontées ? Et depuis combien de temps sont-elles accompagnées par DIOGENES ? Notre nouvelle infographie donne quelques éléments de réponse...

Depuis 1995, DIOGENES accompagne les habitants de la rue sur leurs terrains de vie avec la mission de construire des ponts entre la rue et le reste de la société. Chaque jour, les travailleurs de rue rencontrent de nombreuses personnes sans-abri. Ils sont proches d’eux, connaissent leur histoire, leurs difficultés passées et présentes, leurs talents et leurs rêves, leurs ressources… Mais cette richesse rencontrée en rue ne peut transparaître dans les statistiques. L’infographie ci-dessous donne des tendances. Elle ne représente ni la complexité des situations singulières, ni l’ensemble de la population sans-abri à Bruxelles. Elle est fondée sur les données disponibles pour 984 des 1.187 personnes accompagnées par DIOGENES en 2021.

Démographie des habitants de la rue

Si le nombre d’habitants de la rue croît d’année en année, nous observons que le nombre de femmes sans-abri augmente davantage que celui des hommes. En 2021, nous rencontrions 31% de femmes, une proportion de 7% plus élevée qu’en 2020 !

Nous accompagnons des personnes de tout âge, une majorité ayant entre 40 et 60 ans l’année dernière (48%). Cependant, nous constatons un léger rajeunissement (+ 1% de jeunes de moins de 25 ans par rapport à 2018).

Les personnes que nous suivions en 2021 étaient majoritairement belges, mais il est frappant de constater que 50% de notre public était constitué de personnes d’autres nationalités européennes. C’est pourquoi, nous nous intéressons à elles plus spécifiquement ci-dessous. 17% des personnes accompagnées en 2021 venaient d’un pays tiers à l’UE. Au total, plus de 50 nationalités différentes sont représentées.

Problématiques des personnes sans-abri

Généralement, notre accompagnement se construit sur le long terme afin que chaque personne puisse occuper la place qui lui convienne dans la société.

Nous connaissons 22% de notre public depuis plus de 5 ans et 11% depuis plus de 10 ans. Cela montre la nécessité de maintenir notre présence pendant de nombreuses années, tel un fil rouge dans la vie de certaines personnes. L’intensité de l’accompagnement varie, parfois nous perdons même la personne de vue pendant plusieurs années, mais nous restons toujours disponibles, selon les besoins et demandes de la personne. C’est aussi en cela que l’accompagnement proposé l’est sur mesure.

La majorité des personnes accompagnées par DIOGENES en 2021 sont connues depuis moins de 3 ans (65%). Ceci démontre le travail actif des travailleurs de rue qui cherchent continuellement à rencontrer de nouvelles personnes et à accompagner de nouveaux publics. En 2021, nous avons, par exemple, pu développer la médiation interculturelle et le travail de rue exploratoire pendant 6 mois.

Qu’elles soient connues depuis plus ou moins longtemps, l’accès au logement et à la santé sont des problématiques récurrentes pour les habitants de la rue. Au 31 décembre 2021, 43% d’entre eux dormaient en rue et 18% en maison d’accueil. 62% avaient un médecin traitant ce qui signifie que de (trop) nombreuses personnes ne bénéficient pas de ce suivi essentiel pour éviter le développement de maladies chroniques et l’encombrement des urgences. D’autant que les 51% des personnes sans-abri qui cumulent plusieurs problématiques - telles que les problèmes de santé mentale, la toxicomanie et l’alcoolisme - n’ont que rarement accès aux institutions adéquates. Ceci est non seulement dû aux seuils d’accès et aux conditions d’entrée à ces services, mais aussi à des cultures de travail inadéquates et à la spécialisation des institutions du secteur d’aide aux personnes sans-abri. Le droit au logement et le droit à la santé sont des droits fondamentaux. Afin que les personnes sans-abri puissent en bénéficier justement, ne convient-il pas d’adapter les politiques publiques, les institutions et les pratiques de travail aux besoins rencontrés sur le terrain ? 

À côté de cela, d’autres problématiques sont plus difficilement mesurables telles que la discrimination, les difficultés liées à la migration, le racisme, la pauvreté, la rupture de liens et l’isolement… Les travailleurs de rue de DIOGENES travaillent aussi quotidiennement avec des personnes qui cumulent le sans-abrisme avec ces difficultés. 

Problématiques spécifiques des migrants intra-européens

En 2021, l’équipe de DIOGENES a accompagné 1.187 habitants de la rue et dispose des données à propos de 462 personnes provenant d’un autre pays de l’Union Européenne. Bien que citoyens européens, ils se voient souvent réduire leur accès aux droits à cause de leur statut de séjour (voir recherche PRODEC). Les différences avec les habitants de la rue belges sont sans-équivoque : 

  • 51% des migrants intra-européens sans-abri dorment en rue ou en centre d’hébergement d’urgence contre 26% des Belges.
  • Seuls 24% d’entre eux disposent d’un revenu légal (CPAS, travail déclaré, mutuelle, chômage, pension, allocation handicap…) contre 94% des Belges. 

Pourtant, près de la moitié des migrants intra-européens accompagnés en 2021 sont en Belgique depuis plus de 5 ans (48%). Parmi eux, 48% n’a toujours pas de droit de séjour. Sans droit de séjour, ces personnes en séjour irrégulier n’ont généralement pas accès à une adresse (de référence) alors que celle-ci est un élément-clé pour débloquer les situations administratives et ouvrir l’accès au marché du travail. En effet, nous observons que 96% des personnes en séjour irrégulier ne sont pas inscrites auprès d’une commune et que 98% d’entre elles n’ont pas de revenu légal… Lorsqu’elles ont une adresse, elles ne touchent en général aucun revenu de remplacement. Seuls 2% des personnes en séjour irrégulier sans revenu légal perçoivent l’aide du CPAS. Et seul 1% des migrants intra-européens sans droit de séjour a un travail déclaré. Ce sont des cas très particuliers. Pour assurer leur survie, les personnes de ce groupe se voient contraintes de se débrouiller en trouvant un revenu officieux (travail au noir, mendicité, travail du sexe…).

Clairement, nous ne pouvons pas parler d’une universalité des droits en Belgique. Chez DIOGENES, nous luttons pour que l’automatisation, l’individualisation et l’universalité des droits soient effectives pour toutes les personnes sans-abri à Bruxelles. Ne s’agit-il pas des éléments de base pour la construction d’une société plus juste, plus inclusive et plus solidaire ?