La tolérance au cœur du vivre-ensemble
Métro-Liens : comment vivre ensemble dans les espaces semi-publics *
Depuis 2018, le projet Métro-Liens de DIOGENES a intégré le Plan Global de Sécurité et de Prévention établi par la Région de Bruxelles-Capitale. Il promeut la tolérance comme prérequis d’un vivre-ensemble harmonieux dans les espaces semi-publics bruxellois. Alors qu’un nouveau Plan Global est en cours d’élaboration pour la période 2021-2023, l’heure est au bilan.
* Texte rédigé à l’occasion de la journée internationale de la tolérance
Lundi matin. Il fait frais, signe que l’hiver approche. Vous fermez la porte d’entrée, vous tournez la clé dans la serrure et vous vous mettez en marche vers la station de métro la plus proche. Une nouvelle semaine de boulot commence. Vous pensez déjà aux réunions de la journée, et ouvrez votre boîte mail sur votre smartphone pour lire les dernières mises-à-jour du weekend. Vous levez les yeux le temps de quelques secondes, pour mettre les pieds sur la première marche de l’escalator qui vous descend dans la station de métro. L’odeur et la chaleur qui s’y répand ne vous font ni chaud ni froid : vous y êtes habitué. Vous croisez de nombreuses personnes mais vous ne les voyez pas. Ou plutôt, vous ne les regardez pas. Les transports en commun ne sont qu’un moyen de déplacement pour vous rendre au travail.
Cette routine, bien que temporairement bousculée par le coronavirus, fait écho à ce que bon nombre d’entre nous vit chaque matin. Prise individuellement, elle paraît banale. Mais si l’on additionne les interactions des 1.2 millions de voyageurs quotidiens du réseau STIB (données de 2019) à celles de tous les autres individus qui fréquentent ces espaces semi-publics, un réel microcosme se dessine. Voyageurs et navetteurs, conducteurs de trains et de métros, agents de sécurité et de nettoyage, commerçants et clients, et bien d’autres personnes s’y pressent mais ne se rendent pas compte que ces endroits offrent, sur un plateau d’argent, une magnifique opportunité : celle de rendre une part de dignité aux personnes sans-abris qui y ont élu domicile, les habitant·e·s du métro.
Le projet Métro-Liens
Le projet Métro-Liens est né en 2012 de la volonté de saisir cette opportunité. Il a vu le jour grâce à un financement de la Commission Communautaire Commune (COCOM). Et, depuis 2018, l’initiative est également subventionnée dans le cadre du Plan Global de Sécurité et de Prévention de la Région de Bruxelles-Capitale. C’est parce que la confiance en soi et l’aptitude d’une personne à se réintégrer au reste de la société diminuent au fil du temps et des (non-)interactions que l’équipe veut soutenir ces individus de façon spécifique. Pour les mêmes raisons, Métro-Liens s’engage aussi à promouvoir une cohabitation saine avec tout autre acteur qui foule les sols des espaces semi-publics concernés. En d’autres mots, l’objectif du projet est de créer des environnements où tolérance et ouverture priment.
Une journée internationale de la tolérance
“Tolérance”. C’est un bien joli mot mais, comment le définir ? Et surtout, comment faire preuve de tolérance en pratique ? Les Nations Unies définissent la tolérance comme “le fait de reconnaître l’autre et de l’apprécier à sa juste valeur, mais aussi l’aptitude à vivre ensemble et à écouter autrui”. C’est “la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des libertés fondamentales d’autrui”. La tolérance permet le vivre-ensemble. Au sein de Métro-Liens, elle se créée au travers de nombreuses actions telles que la rencontre, le soutien, et l’accompagnement psychosocial des habitant·e·s du métro, l’interpellation et la sensibilisation des voyageurs, des discussions avec le personnel de la STIB, etc. La journée internationale de la tolérance est une occasion de mettre ces initiatives en lumière, mais c’est au quotidien que l’équipe fait la différence et marche vers un mieux vivre-ensemble. Et vous, de quelle façon êtes vous tolérant dans ces micro-sociétés que sont les stations de métro ?
À l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement travaille à la rédaction d’un nouveau Plan Global de Prévention et de Sécurité. Pour l’équipe Métro-Liens, le financement de ces trois dernières années a été d’une aide précieuse : chaque année, une campagne de prévention est désormais organisée à destination des individus qui passent par les stations de métro, notre collaboration avec la STIB s’est vue renforcée, de nouveaux collègues ont pu être formés, et le travail s’est développé dans d’autres espaces semi-publics (plus de détails dans le rapport d’activité). Autrement dit, le projet se développe progressivement grâce à ce soutien. La question de la présence des personnes sans-abris dans l’espace semi-public a été remise sur le devant de la scène lors des confinements du mois de mars et d’octobre 2020. DIOGENES encourage, dès lors, le gouvernement bruxellois à continuer à prendre en considération le défi que nous voulons relever à ses côtés : un vivre-ensemble harmonieux, en toute circonstance.